Ce qui est aujourd’hui appelé l’Iran, avec sa carte représentant un « chat assis », portait autrefois le nom des empires régnants, depuis l’Empire sassanide jusqu’à l’Empire safavide, qui fut le dernier empire à gouverner la région. Parallèlement, la Turquie était connue sous le nom d’Empire ottoman. Tous ces empires partageaient un même système et une même logique de dénomination.
Le nom actuel de l’Iran a été adopté en 1935 sous l’influence de figures telles que Said Nafisi, Mohammad Ali Foroughi et Hesam Taghizade, fervents partisans du pan-iranisme et du pan-farsisme. Ces intellectuels de l’époque, réunis sous la première dynastie Pahlavi avec le soutien direct de Reza Shah, ont pris des mesures pour imposer ce changement. Said Nafisi, principal conseiller de Reza Khan, proposa officiellement ce nouveau nom.
Après la publication de son article dans le journal Ettelaat en novembre 1935, cette décision devint réalité. Ainsi, ce nom et cette géographie « contractuelle » sont entièrement fictifs. Le terme « contractuel » ne signifie pas que l’Iran est un pays neutre comme la Suisse, mais plutôt que son pouvoir centralisé a imposé cette géographie artificielle aux différentes nations qui composent le territoire iranien.
Cette imposition a engendré de nombreuses insurrections au fil du temps. À l’époque des empires iraniens, l’absence de soulèvements s’expliquait par une certaine décentralisation du pouvoir. Toutefois, depuis lors, de grandes insurrections ont éclaté et se poursuivent encore aujourd’hui au Kurdistan, au Baloutchistan, à al-Ahwaz et en Azerbaïdjan. Avec le temps, cette insatisfaction a diminué mais persiste, et elle ne cessera que lorsque la géographie de l’Iran retrouvera ses véritables contours.
Au Kurdistan, les révoltes de Simko, ainsi que les soulèvements contemporains dirigés par le Parti démocratique, les organisations Khabat et Komala, le Parti Sarbasti et d’autres, sont autant de manifestations d’un rejet de cette géographie artificielle et imposée.
Sous le nom d’« Iran », toutes les autres nations – Kurdes, Baloutches, Arabes ahwazis, Turcs azerbaïdjanais, et bien d’autres – ont été niées, et nous sommes tous appelés « Iraniens ». Or, un Kurde est un Kurdistanais, un Baloutche est un Baloutchistanais, un Arabe est un Ahwazi et un Turc azéri est un Azerbaïdjanais. En réalité, le nom « Iran » et l’identité iranienne ne représentent que les Fars et leur territoire.
Les mouvements nationalistes ont, à différentes périodes, pris la forme de revendications pour l’indépendance, le fédéralisme ou l’autonomie. Cependant, ils ont toujours été violemment réprimés, notamment par des fatwas et des massacres orchestrés par le pouvoir central.
L’opposition persistante de l’establishment perse aux droits fondamentaux et nationaux des peuples non-perses trouve sa source dans des considérations géopolitiques. L’Iran est un territoire pauvre en ressources naturelles et en eau. Sa survie repose sur l’exploitation des richesses des régions non-perses : les montagnes aurifères du Baloutchistan, les ressources en eau, les ports et le pétrole d’al-Ahwaz, ainsi que les ressources minières et énergétiques du Kurdistan (aluminium, or, argent, pétrole et gaz). Pour assurer son maintien, le pouvoir central iranien a toujours imposé une répression brutale et inhumaine.
Parmi ces répressions, on peut citer la fatwa de Khomeiny en 1979 contre le Kurdistan, l’attaque menée par le magnat Chamran avec le soutien de Bani Sadr, ainsi que les massacres de Kurdes à Mahabad, Naghadeh, Sanandaj, Paveh, Gharna, Ghalatan, Inderghash et Sarchenar, où vingt mille Kurdes furent tués. Des événements similaires ont touché d’autres peuples non-perses vivant sous le joug iranien. La guerre Iran-Irak en est un autre exemple : ce conflit a dévasté l’environnement du Kurdistan et d’al-Ahwaz, causant la mort de nombreux habitants. Pourtant, Khomeiny qualifiait cette guerre de « bénédiction divine ». Mais lorsqu’elle atteignit Téhéran, il dut finalement accepter la résolution de l’ONU, mettant fin au conflit.
Un autre enjeu pour le pouvoir central perse est la préservation de son récit historique falsifié. Si les nations non-perses deviennent indépendantes, l’histoire artificielle de l’Iran sera remise en question. Ce récit repose sur la manipulation et l’appropriation de l’histoire d’autres peuples, en particulier celle des Kurdes.
Les découvertes archéologiques au Kurdistan occupé par l’Iran ont mis en lumière de nombreux exemples de cette falsification. Ne possédant pas d’histoire propre, les Perses ont pillé les rituels du Yarsan kurde et se les sont appropriés avec quelques modifications. C’est l’une des raisons de la persécution sévère des Kurdes Yarsan.
Au cours des quarante dernières années, des milliers de Kurdes ont été arrêtés, et des centaines de jeunes Kurdes ont trouvé la mort après avoir subi des tortures médiévales dans les prisons iraniennes. Cette répression n’a qu’un but : écraser toute résistance kurde, qu’elle soit religieuse ou non.
Pourtant, les autorités iraniennes savent que la lutte du Kurdistan occupé n’est pas un combat religieux, mais une lutte nationale pour les droits et l’indépendance. Ce qu’ils qualifient de « démembrement de l’Iran », nous le considérons comme la libération de notre terre, de notre langue et de notre existence.
Beaucoup de choses restent à dire, mais le temps manque. Si nous devions aborder tous les aspects de cette question, cela prendrait des semaines. En conclusion, il est essentiel de rappeler que les Kurdes et les autres nations non-perses ont essayé toutes les méthodes modernes pour dialoguer avec ce régime, ainsi qu’avec les précédentes dynasties Pahlavi et Kadjar.
Le résultat est clair : il est impossible de tolérer cette idéologie fasciste. Toute tentative de négociation ne conduit qu’à une perte de temps et de vies, accompagnée d’une destruction continue de notre environnement, de notre culture et de notre histoire.
Reza Khan a mis en place cette politique avec sa « Révolution blanche », et la République islamique poursuit la même stratégie sous une autre forme.
Ainsi, pour nous, nations non-perses, il ne reste qu’une seule voie : celle de l’indépendance. Peu importe ce que promettent les Perses ou ce que souhaite le monde extérieur, l’essentiel est que nous soyons déterminés à prendre notre destin en main.
Nous poursuivrons notre lutte, par tous les moyens – armés, civils ou politiques – jusqu’à la libération de notre terre et l’indépendance totale. Nous ne reculerons jamais.